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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— C’est mon oncle qui m’a battu.

— Pourquoi ?

— Parceque je ne voulais pas aller à l’école.

— Ce n’est pas beau cela : il faut aller à l’école et obéir à ton oncle ?

— Je le veux bien ; mais je ne sais pas ma leçon et le maître va me battre.

— Pourquoi ne sais-tu pas ta leçon ? Il faut étudier, mon petit, pour apprendre à lire.

— Je n’ai pas le temps d’étudier : je travaille toujours.

— Le soir ?

— Oh ! mon oncle dit que cela gaspille la chandelle… Si je savais ma leçon, j’aimerais bien à aller à l’école.

Au même instant passent en courant, comme une meute légère, une troupe d’enfants, gars et fillettes pêle-mêle :

— Viens donc, Joseph, viens donc ! disent-ils. Tu vas arriver tard et tu iras en pénitence.

L’orphelin part avec les autres. L’un d’eux, le petit Ferron, un gibier de potence en herbe, lui donne un croc-en-jambe et une poussée. L’orphelin tombe sur la face dans une mare