Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/298

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et elle s’avance vers le pèlerin comme une tigresse sur le chasseur qui lui ravit ses nourrissons. Le pèlerin la repousse tranquillement.

— J’ai promis de la protéger, dit-elle folle de terreur ; sa mère me l’a confiée ! Vous ne l’emmènerez pas ! Vous me hacherez par morceaux avant qu’elle sorte d’ici ! Vous ne savez pas comme je l’aime, et comme sa mère qui est au ciel aurait du chagrin si le maître d’école la reprenait ?

Le muet, impassible, l’écoute. Il a laissé l’enfant se retirer. Il est ému de l’affection et du dévouement de cette fille étrange, et des pleurs roulent dans ses paupières. Geneviève, attirant à elle la petite, l’embrasse :

— Non, va ! tu ne tomberas pas entre les mains des misérables ! Geneviève te protégera !… Je voudrais bien, par exemple !… Tenez, monsieur, mangez si vous avez faim, mais laissez-nous nos enfants… C’est tout ce que nous vous demandons !

Le pèlerin devenu souriant, s’approche de la table.

— Vous êtes drôle ! dit la maîtresse de la maison, à Geneviève. Pourquoi tout ce bruit,