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pinsons chantaient dans les ormes ombreux, les alouettes sautillaient gaiement sur la grève, et les moissonneurs, la faucille sur l’épaule, retournaient au champ. Le muet s’assit un moment sur une roche déjà tiédie par la chaude haleine du jour, puis, se jetant à genoux, il remercia, dans une méditation pieuse, la bonté infinie de Dieu. Il se souvint de la promesse qu’il avait faite à la bonne Sainte Anne, se leva et partit, la tête découverte et les pieds nus. Il monta la côte longue et solitaire de la rivière, du côté des Écureuils. Il chemina, s’arrêtant pour boire un peu d’eau froide ou manger le morceau de pain que lui donnait la charité. Ses vêtements séchèrent au feu du soleil. Ceux qui le rencontraient le croyaient fou. Quelques uns riaient ; quelques uns se moquaient de lui. D’autres le plaignaient sincèrement, et branlaient la tête en disant : Pauvre jeune homme ! Des enfants grossiers lui jetaient des pierres, ou le poursuivaient en l’appelant de toutes sortes de noms injurieux. Le soir il arrivait à Beauport. Il passa la nuit dans une honnête famille, où la prière se faisait tout haut, devant la croix. Le lendemain, vers midi, il venait de laisser l’église de Château