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courant. Rendu tout auprès, il vit une tête qui sortait de l’eau.

— Un noyé !

Ce fut la pensée qui vint à son esprit. Il frissonna de peur et songea à revenir. Cependant ses regards ne pouvaient se détacher de la figure de cet homme singulier qui semblait s’être noyé dans son embarcation. Il vit la tête se lever un peu.

— Il n’est pas mort !

Ce cri lui échappa. Alors, plongeant l’aviron dans le flot calme, il imprima un rapide élan à sa nacelle qui vint effleurer le canot submergé. C’était à l’instant où la dernière goutte d’eau faisait déborder le vase rempli ; à l’instant où l’onde s’étendait comme un linceul sur le visage du muet, où le suprême effort du mourant faisait perdre l’équilibre au canot qui lui servait de tombe. Le vigoureux pêcheur saisit, par les cheveux, la victime innocente des voleurs et la soulève au-dessus de l’abîme.

— Tâchez de vous bien tenir au canot, dit-il.

Le muet, sorti soudain de sa tombe humide,