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XXXIV.

LE PÈLERIN.


Le matin qui suivit la nuit du vol, dès le point du jour, André Pagé, du Cap Santé, descendit visiter sa ligne sur la batture. Il saisit la bouée qui indiquait le lieu où dormaient, au fond de l’eau, les hameçons appâtés, souleva la corde tendue et la mit en travers sur le canot qui s’arrêta. Il examina chaque empile, faisant glisser la corde et rejetant, de l’autre côté de l’embarcation, l’hameçon fraîchement garni d’un ver grouillant. Son visage s’épanouissait de plaisir quand une anguille captive décrivait mille orbes pour fuir le fer qui l’enchaînait, et s’enfoncer dans l’onde vaseuse. Quand sa tâche fut terminée il reprit l’aviron. Alors il aperçut un canot qui descendait à la dérive.

— Il est plein d’eau, pensa-t-il ; mais il est peut-être bon encore, je vais le sauver.

Et il rama vers le canot qu’emportait le