Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.
267
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

XXXI.

CARILLON, MON AMOUR !


Le muet avait passé dans un ennui profond les quelques heures qui venaient de s’écouler. Il était lié comme un agneau que l’on mène à la boucherie, et couché sur l’herbe devenue humide. Il essaya de rompre ses liens, mais il se meurtrit les poignets :

— Ces brigands savent parfaitement leur métier, pensa-t-il.

Il espérait qu’au lever du jour quelque moissonneur l’apercevrait en allant couper le grain. Il pourrait toujours s’éloigner un peu de la roche, en se roulant sur le gazon, et l’on ne manquerait pas de le voir. Son cœur sans haine montait vers le Seigneur, comme les baumes de la nuit, et l’espoir luisait dans son âme :

— Si ces malheureux, songeait-il, savaient que je connais leur dessein, et que leur œuvre infernale sera divulguée avant qu’ils aient pu en