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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— Lâches ! voudrait-il leur crier ; il leur crache à la figure.

Le faux bourgeois s’est relevé. Il a tiré, lui aussi, un pistolet de sa ceinture.

— Nous n’avons pas de temps à perdre, dit le charlatan, rends-toi ou tu vas mourir !

Connaissant le motif des brigands ; sachant, de plus, que le pire qui peut lui arriver, est d’être garotté et mis en lieu sûr pour la nuit ; comprenant qu’il sera tout aussi bien, sinon mieux, de faire arrêter les voleurs que de prévenir le vol, il se livre. Les voleurs regardent de tous côtés : personne. Alors ils l’entraînent derrière la grosse roche, lui lient les pieds et les mains et le gardent jusqu’à la nuit.

Cela se fit en un moment, et nul ne les vit agir.

Noémie revint au champ avec son père ; mais le champ semblait désert.

Quand les pâles lumières des chandelles de suif se furent éteintes, tour à tour, dans les maisons du village ; quand le sommeil bienfaisant eut secoué ses pavots sur les paupières fatiguées, et que l’essaim léger des songes se fut pris à voltiger au-dessus des couches paisibles, les voleurs sortirent de leur cachette.