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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

son, vous boirez mieux qu’ici, et vous pourrez aussi manger.

— Bah ! reprit le faux bourgeois de l’autre jour, nous boirons à même, c’est meilleur. Et, disant cela, il prend la chaudière des mains de Noémie, boit à longs traits, et la passe au charlatan qui la donne à l’autre.

— Il est délicieux ce lait, dit le charlatan ; mais un baiser volé sur vos lèvres doit être mille fois plus doux encore.

La jeune fille regarde du côté du chemin public. Elle commence à craindre. Pendant qu’elle est détournée le charlatan lui met un baiser sur la joue. Elle jette un cri, laisse tomber la chaudière qui se renverse et part en courant. Le muet qui a suivi cette scène entre, tout à coup, dans une colère violente. Il sort de sa cachette et court vers les bandits, C’est de l’imprudence, car ils sont armés, mais c’est le devoir d’un garçon brave. Les voleurs ne le reconnaissent pas de suite. Il a le temps de renverser, de son poing musculeux, le faux bourgeois qui se présente le premier à ses coups. Les autres saisissent leurs pistolets et le mettent en joue.