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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

Noémie est dans un trouble extraordinaire. Elle sort et court raconter à ses parents ce qu’elle a vu. Bélanger vient aussitôt rejoindre le muet. Il le trouve prosterné devant la croix et pleurant toujours. Il le questionne longtemps et reste convaincu qu’il est véritablement l’enfant de ses anciens voisins, si tristement décédés il y a alors douze ans. Croyant faire plaisir à Asselin, il va lui révéler la nouvelle. Asselin se moque. Bélanger, un peu froissé, lui dit : Fais-le venir et interroge-le ; tu verras qu’il sait des choses que seuls peuvent savoir les enfants de Letellier, ou ceux qui ont bien connu cette famille.

— Il n’en manque pas de gens qui ont connu la famille ou qui en ont entendu parler.

— Enfin la chose vaut qu’on s’en occupe.

— Qu’il fasse valoir ses droits ; le bien est là.

C’est tout ce que répondit Asselin ; mais il pensait bien autrement.

Il avait remarqué, en effet, les agissements de son engagé, et les avait trouvés un peu singuliers. Bien qu’il ne craignit pas les réclamations d’un muet, il avait peur d’être