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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

ressemblaient au croissant de la lune que l’on voit courir, par une nuit venteuse, sur les grands nuages. Les habitants se hélaient de l’un à l’autre. Les uns criaient : Holà ! jetez nous une amarre que l’on vous remorque ! Retournez-vous à la ville ? Êtes-vous à l’ancre ?

Les autres répliquaient : Vous êtes à lége, vous autres ! Tous tant que vous êtes à bord vous ne pesez pas une plume !… Vous êtes des gens légers !

— Vous êtes trop lourds, vous autres, vous allez faire couler votre bateau.

Et le flot du montant, soulevé par la brise, berce les légers vaisseaux. Au mouvement du tangage, poupes et proues plongent tour à tour dans l’écume, avec un bruit qui ressemble au froissement d’un feuillage sec.

— Connaissez-vous ce jeune homme ? demande Victor Bélanger à ceux qui sont assis sur des coffres vides, auprès du mât, dans le bateau de Mathurin, et il montre, des yeux, un garçon bien découplé, qui regarde mélancoliquement les vagues se briser sur la joue du bateau. On répond négativement.