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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

femmes faisaient cercle autour de la plus jaseuse des commères, et les hommes, en prenant un coup, parlaient affaires et politique.

Alors comme aujourd’hui, il y avait deux partis, l’un bon, l’autre mauvais. Le bon, c’était le mauvais pour ceux qui n’y appartenaient pas, et le mauvais, c’était le bon pour ceux qui y appartenaient. Chacun, comme aujourd’hui, discourait sur des questions de finance et d’administration, sans connaître le premier mot de l’économie politique. Celui qui criait le plus fort avait raison, et l’on se rangeait de son avis.

Les bateaux n’avaient pas toujours un vent favorable pour voguer, et souvent ils restaient à l’ancre durant plusieurs marées le long de la côte.

Alors débarquaient et se rendaient à pied ceux que des travaux pressants appelaient. Les paresseux et ceux qui ne sont jamais pressés, attendaient le bon vent. C’était une perte de temps sérieuse pour chacun de ces braves cultivateurs ; mais alors que le sol produisait encore avec abondance ; alors que le luxe n’avait pas encore gâté jusqu’à la moelle des os notre heureuse population ; alors que l’or-