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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

XXVIII.

LES DEUX BATEAUX.


Le vent soufflait de l’est, et de légers nuages, pareils à des cardées de laine, se dispersaient au firmament. Le fleuve s’agitait dans son lit. La mer montait. Debout sur le coqueron de leurs berges, les bateliers criaient aux passagers de faire diligence. Et l’on voyait accourir vers la grève les vaisseaux commençaient à flotter, les habitants des différentes paroisses, les uns avec leurs ballots de marchandises sous le bras, les autres avec leurs tinettes et leurs coffres vides.

Il y avait de la gaité à bord de ces petits bateaux où s’entassaient, pêle-mêle, hommes, femmes, garçons et filles. C’était un bourdonnement de voix incessant, et des éclats de rire qui montaient comme des feux d’artifices. Les premiers embarqués s’emparaient des bancs et les derniers restaient debout. Peu à peu l’on se divisait et l’on formait des groupes. Gars et fillettes se trouvaient ensemble. Les