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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— L’enfant croit dire la vérité, reprend Geneviève, et moi je la dis.

— Voyez-la ! repart le maître d’école, infidèle et sans pitié, elle fuit le toit conjugal… Pourtant je l’ai bien aimée, je l’ai traitée avec délicatesse et bonté !

— Menteur ! reprend Geneviève… Tu m’as perdue, tu m’as rendue la plus misérable et la plus infâme des créatures, mais je ne suis pas ta femme… tu n’as pas voulu que je fusse ta femme quand j’ai désiré l’être… maintenant je ne veux plus l’être ! je ne le veux plus !…

Elle tire de son sein une lettre qu’elle donne au prêtre : Lisez.

— Ce n’est pas pour moi !

— N’importe ! cela ne fait rien, lisez, M. le curé.

Racette est tenté d’arracher ce papier des mains du curé qui lit attentivement ; ses doigts crochus se déplient même dans ce dessein ; mais le curé, par mesure de prudence, s’est un peu retiré. Il lit jusqu’au dernier mot, replie la lettre et la rend à Geneviève, puis ouvrant la porte, il dit à Racette d’un ton qui ne souffre pas de réplique : Sortez !