Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/227

Cette page a été validée par deux contributeurs.
230
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

clocher de l’église de Beauport qui porte haut, dans l’air, la croix de Jésus. Le clocher fait toujours naître une pensée consolante, un rayon d’espoir ! C’est le drapeau qui rallie les troupes éparses ; c’est le phare qui annonce l’entrée du port tranquille ; c’est le doigt de la religion qui nous montre le ciel.

— L’église ! s’écrie Geneviève, rendez-vous à l’église.

— L’église est encore loin, répond le charretier en secouant la tête.

Et le cheval court toujours ; et le fouet tombe, comme un serpent tordu, sur le dos de l’animal tout blanc d’écume. Le maître d’école encourage son cocher : Fouette ! arrive ! rattrape-les ! les voici ! on les les gagne ! on les tient ! Tu seras joliment récompensé, mon garçon. Fais crever ta bête s’il le faut, je t’en promets une meilleure.

— L’animal est bon, réplique le cocher. Si j’étais sûr d’aller en paradis comme je suis sûr de les rejoindre !…

Racette sourit et songe à la douce vengeance qu’il va exercer. L’église approche ; le clocher monte vite dans les nues. Les deux chevaux