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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

latés, un souffle brûlant. Le trot ne suffit plus et les voitures se mettent au galop. La petite Marie-Louise tout effrayée tient Geneviève par le bras et se serre contre elle. Geneviève, pâle et interdite, se croit déjà entre les mains du maître d’école sans pitié ; elle pense au rêve de la nuit précédente. Son amant d’hier, à ses yeux si séduisant et si beau, s’est changé en un monstre affreux. Elle invoque la mère de Marie-Louise et lui dit encore : Sauvez-nous !… sauvez-nous ! Elle est tirée de cet état de stupeur par la voix du cocher qui s’écrie : Il faut arrêter : je n’ai pas envie de faire crever ma bête… Cette parole est comme un poignard qui fouille le cœur de la pauvre fille.

— N’arrêtez pas, dit-elle, n’arrêtez pas !

— Mais ils nous rejoignent !… ils approchent !

Il se penche pour regarder en arrière : Ils vont passer et nous barrer le chemin, continue-t-il. Vous ne connaissez pas de maison où vous seriez en sûreté ?

— Je ne connais personne ici, je suis étrangère.

Au même instant ses yeux aperçoivent le