Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.
226
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

qui avait mandé son beau-frère de descendre à Québec, craignait maintenant de le voir venir. Son triomphe s’était changé en une défaite humiliante. Il était morne, irascible, et se serait donné au diable pour le plaisir de se venger de Geneviève et de perdre l’enfant.

L’après-dîner du vendredi s’écoula et le beau-frère ne vint point.

— Le bateau doit être arrivé maintenant, pensait-il ; si Eusèbe était descendu, je l’aurais vu déjà. Il n’est pas venu, tant mieux ! je vais me rendre au marché, pour m’en convaincre.

Et il partit. Une pensée lui vint : Si je passais par le palais ? il y a peut-être quelque berge de Lotbinière : je les visiterai de crainte que les diablesses n’y soient cachées.

Il se dirigea vers le palais. Il n’y avait là qu’un bateau de Lotbinière et un autre, de St. Jean Deschaillons ; mais les fugitives n’étaient point à bord. Racette, déçu de nouveau, prit la rue St. Paul et chemina lentement, comme un homme qui ne sait où il doit aller. L’Angélus sonnait. Pendant que les âmes pieuses faisaient monter vers le ciel, avec les flots d’harmonie de l’airain sacré, leur humble