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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

ment sage dans ses œuvres. Sortez aujourd’hui même de la maison où vous êtes ; prenez la petite avec vous, allez à l’Hôtel-Dieu, je vous préviendrai. Je vais écrire à ma sœur ; j’aurai la réponse de suite, et vendredi soir, je l’espère, vous partirez. Vous commencerez une vie nouvelle, une vie de vertus et de félicité. La mère qui veille sur son enfant du haut du ciel, veillera aussi sur vous : elle vous l’a promis.

La Drolet venait d’arriver de la campagne.

Racette et Paméla l’attendaient chez elle. En femme coupable elle sourit au projet de ses amis. Elle calcula d’avance ce que la beauté de l’enfant pouvait lui rapporter : C’est un appât séduisant, disait-elle, et cela se vend à prix d’or. Ne me parlez pas de celles que les plaisirs ont couronnées de leurs épines. Amenez-moi cette petite et je la dresserai bien.

Le frère et la sœur sortirent enchantés. La femme publique avait libéralement payé sa jeune victime. En revenant, le maître d’école disait : C’est un bon coup ! Elle n’en sortira jamais. Elle ne songera guère à retrouver une famille qui rougirait d’elle, et des amis qui la repousseraient.