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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

sauvant cette petite fille, elle se délivre elle même des chaînes honteuses qui la captivent : Fuyez cet homme qui vous tient sous un joug infâme, continue-t-il, il ne vous aime point. Après vous, une autre. Quand vous aurez perdu les charmes qui le retiennent, il vous rejettera comme on rejette un instrument brisé : il vous méprisera, car il aura connu votre faiblesse. Vous ne serez jamais heureuse dans le crime, parce que la vertu est le bien de Dieu. La vie passe vite et personne n’échappe à la mort. Quand vous mourrez vous serez dans le désespoir, parce qu’il ne sera plus temps de revenir à Dieu. La contrition n’est pas un simple acte de la volonté. On la demande à Dieu, on l’obtient par la prière et la méditation. Il faut que vous sauviez l’enfant ! il faut que vous vous sauviez vous-même !

— Je le veux, répond Geneviève.

— Je vous trouverai un refuge à toutes deux. Je connais une famille qui vous accueillera et où vous vivrez dans la paix et la vertu. Il n’y a point d’enfant dans cette famille. Il a plu à Dieu de refuser ce bonheur à ma sœur bien-aimée… Le Seigneur qui voit tout est infini-