Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

tentures noires semées de tibias en croix et de langues de feu. La lampe avec son voile de crêpe ressemblait à un astre éteint. Autour de la tombe, les herses étincelantes élevaient, comme des soupirs d’amour, leurs flammes vers les voûtes blanches. L’orgue fit sortir de ses tuyaux métalliques des soupirs si tendres, des chants si tristes, des mélodies si ravissantes, que l’on croyait qu’un souffle céleste inspirait cette matière en la touchant. Les Jean-Louis chantèrent au chœur. Jamais leurs voix n’avaient été plus puissantes ou plus belles. Pendant les strophes sublimes du Dies iræ et du Libera, on sentait des frissons courir, on sentait des larmes venir aux yeux. Ah ! je n’entends jamais sans pleurer ces cris déchirants des âmes pécheresses vers leur Juge terrible et Tout Puissant.

Dans un banc, au dessous de la chaire, il y avait une jeune fille qui paraissait bien attristée. Elle était restée à genoux tout le temps du service, priant avec ferveur. Bien que l’église fut remplie de monde, personne n’était entré dans le banc où elle se trouvait. Cette fille, c’était Geneviève Bergeron. Élevée par une mère sans énergie et sans piété, la mal-