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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

vers l’église de la basse-ville. Quelques commis, debout sur le perron des magasins, l’invitent à entrer.

— Avez-vous besoin d’un beau chapeau ?

— Vous faut-il de magnifiques pantalons ?

— Entrez ici ; nous avons de tout, et pour rien.

— Ici, jeune homme, ici ! Les meilleurs articles, les plus nouveaux et les moins chers !

— Le muet n’entend rien, ne voit personne. Une seule pensée l’absorbe : retrouver sa sœur. Il entre dans l’église. Cinq heures sonnaient à l’horloge de la sacristie. Plusieurs personnes, à genoux dans les bancs, priaient avec ferveur. Un vieillard faisait le chemin de la croix, prosternant son front dans la poussière, devant chaque image sacrée de la passion de Notre Seigneur. La lampe, comme une âme pure qui brûle de charité, comme une étoile qui brille dans la nuit, vacillait légèrement, suspendue à la voûte blanche, et ses rayons, pleins de douceur et de mystères, se jouaient avec amour devant le tabernacle d’or où reposait le Saint des Saints. Un calme profond régnait dans l’humble sanctuaire ; seulement, on croyait