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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— Où est-elle maintenant ma sœur bien aimée ? Racette ! prends-garde ! je puis pardonner le mal que l’on me fait, mais jamais je ne pardonnerai le mal qu’on lui fera à elle ! à elle, ma petite sœur, ma petite Marie Louise !… Elle ne retournera pas à Lotbinière puisque mon oncle Asselin ne la veut plus revoir !… Racette est sans doute le complice de notre bourreau. Il s’est fait appeler son oncle, lui cet étranger, pour mieux la prévenir et se l’attacher ! L’enfant est entre ses mains depuis quatre jours !… Il a eu le temps de l’éloigner d’ici… Qui sait ? elle est peut-être morte ?… Mieux vaut la mort que la vie avec cet homme infâme !… Mon Dieu ! si je pouvais parler ! Si je pouvais écrire ! Heureux sont ceux qui ne négligent jamais les leçons qu’ils reçoivent dans l’enfance, et qui mettent à profit tous les instants que Dieu leur accorde !… Si je pouvais écrire !…

Ainsi pensait le muet. Et ces pensées tumultueuses tourbillonnaient dans son esprit comme les feuilles mortes que le vent d’automne enlève sur le bord des chemins. Il arrive, plongé dans ces réflexions, jusqu’à la rue Notre-Dame, tourne le coin et se dirige