Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— Ce bois, continue le contre-maître, n’a pas sa vraie marque : il a été estampé depuis peu,… depuis qu’il est ici.

— Voici le bourgeois, répond le journalier, sans perdre sa présence d’esprit.

— Oui, messieurs, dit le bourgeois, ce bois m’appartient. Il a été remarqué à neuf en effet, vous avez raison ; mais il l’a été par ceux qui me l’ont volé, et j’ai envoyé, cette nuit, des hommes le quérir à St. Nicolas.

— Alors, monsieur, fit le contre-maître, je vous demande pardon…

— Je comprends votre démarche et je vous pardonne volontiers.

Le muet était atterré. Il fit un geste de désespoir ; et quand il s’éloigna il regarda les deux hommes avec tant de mépris, il leur adressa, de la main, un adieu si insultant, que le contre-maître le réprimanda :

— Allons ! dit-il, sois poli !

Le muet pencha la tête. Le bourgeois, c’était Charlot, et le journalier, c’était Robert.