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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— Viens ! alors.

Il passait midi, le muet avait eu le temps de se reposer et de prendre sa part d’un bon déjeuner aux omelettes. Il part avec le contre-maître. Rendus à l’endroit où le canot s’était arrêté la nuit précédente, ils virent des plançons bien semblables à ceux qui composaient leur cage, mais qui portaient une marque différente. Deux hommes étaient sur la grève, près du bois, et causaient à voix haute. L’un était mis en bourgeois : habit et pantalon noirs, cravate large, col blanc levé jusqu’aux oreilles, et chapeau de soie : l’autre était en vareuse, en pantalon de toile et pieds nus. Le contre-maître de la cage s’approcha d’eux. Le muet les étudiait avec attention.

— Voulez-vous avoir l’obligeance de me dire d’où vient ce bois ? demande-t-il à celui qui porte la vareuse des journaliers.

— De St. Nicolas, répond bravement celui-ci.

— Ne vient-il pas du Cap Rouge plutôt ?

— Pourquoi ?

Parce qu’il me manque un radeau bien semblable à celui-là.

— Monsieur !