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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

malades avaient été guéris, et il songeait à aller prier avec la foule des âmes saintes aux pieds des autels, dans ce temple de prodige.

L’hiver s’enfuit, les arbres reverdirent, les oiseaux revinrent à leurs nids de mousse. Les plançons furent mis à l’eau. Ils descendirent avec le courant, pêle-mêle, d’abord, ou seul à seul, selon les caprices de la rivière. Plus loin, quand la rivière devint plus large, ils furent liés et formèrent des radeaux. Plus loin encore, quand ils arrivèrent au fleuve géant, les radeaux furent réunis en une immense cage ; et cette cage nous l’avons vue descendre avec les eaux du St. Laurent, s’échouer sur la grève de Lotbinière, puis arriver au Cap Rouge ; et nous savons ce que fit le muet.

Les hommes de la cage s’aperçurent de la disparition du radeau qu’avaient volé Charlot et Robert. Le contre-maître soupçonna les canotiers qui lui avaient demandé du secours la nuit précédente ; il interrogea le muet qui répondit par des gestes assez significatifs.

— Sais-tu, demanda le contre-maître, en quel endroit les canotiers ont amarré leur bois ?

Le muet fit signe qu’il le savait.