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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— Défoncer des coffres, ouvrir des tiroirs, c’est l’affaire d’un moment.

— Pas si bête Eusèbe Asselin que de faire comme tout le monde. Les vieilles casquettes et les vieux bas tout usés sont plus fidèles gardiens que les coffres et les tiroirs…

— Auriez-vous pensé à cela, vous autres ? dit le charlatan à ses amis.

— Non !

— C’est qu’Eusèbe Asselin n’est pas un imbécile, allez ! reprit l’habitant enivré… Docteur ! vos remèdes, que je m’en aille vendre mon grain. Il se mit la tête sur son bras et s’endormit appuyé sur la table.

Un jeune homme sortit de l’auberge. C’était celui qui n’avait point voulu boire, se défiant de la traîtrise du rhum, et soupçonnant de mauvais desseins chez les hôtes de l’Oiseau de proie.

— C’est heureux pour lui qu’il ne parle pas, dit le charlatan, car il ne sortirait pas ainsi.

— S’il savait écrire ?

— Il ne sait pas écrire non plus, reprit Charlot, je m’en suis assuré. Vous comprenez que je l’aurais fait disparaître déjà, s’il eut pu nous