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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

jette un dernier rayon dans l’appartement assombri, la mère infortunée se réveille dans les ombres de la mort. Elle a un éclair d’intelligence, un instant de force. Elle prend sa fille, l’enveloppe d’un long regard d’amour et la presse sur ses lèvres blêmes. Elle appelle son petit garçon qui joue à la porte. L’enfant s’approche du chevet de sa mère.

— Embrasse-moi, dit-elle de sa voix mourante, tu ne me verras plus, pauvre enfant !… je vais mourir !… je vais mourir !…

L’enfant entoure de ses petits bras le cou de sa mère et la couvre de baisers et de larmes : Reste ici ! dit-il, ne t’en va pas !… Je ne veux pas que tu meures !… je ne veux pas rester seul !… Attends que papa soit revenu !… Papa va revenir !… Maman, ne meurs pas ! maman, ne meurs pas !…

Tout le monde pleure. Et c’est, en effet, un tableau navrant.

— Je m’en vais avec le bon Dieu, continue la mourante. Tu y viendras aussi toi, si tu es un bon enfant. Dis tous les jours un Ave, Maria, en l’honneur de la Sainte Vierge, et tu viendras