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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— Tiens ! dit José Mathurin donnant un coup de coude à Pierrot Plaisance, je te le disais bien que c’est du sirop de la vie éternelle !

— Qui en achète ? poursuit le marchand infatigable. Voyons ! personne, au milieu de vous, ne souffre du mal de dents ? Personne ne veut rajeunir ? Personne ne veut conserver son ardeur juvénile ?… Personne n’a de douleur rhumatismale. Personne ? personne ?…

Un homme marchande des légumes à quelques pas de là, soudain on le voit pâlir, puis il porte la main à sa poitrine et s’appuie sur la table d’un regrattier.

— Qu’avez-vous donc, mon ami, demande l’habitant qui étalait ses denrées ?

— Ah ! je vais mourir, je crois ! j’ai un rhumatisme dans l’estomac… Allez donc chercher un docteur…

L’habitant crie : Un docteur ! vite ! un docteur ! cet homme va mourir.

Tout le monde jette les yeux sur le malade. Le charlatan saute de sa boîte et court vers le malheureux qui souffre horriblement. Il ne prend pas le temps de lui déboutonner sa veste,