Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

des os comme des tenailles. Avez-vous des maux d’oreilles qui rendent sourds et fous ? Avez-vous des blessures, coupures, déchirures, engelures et brûlures ? Êtes-vous dyspeptiques, rachitiques, apoplectiques, sujets aux coliques ? Êtes-vous faibles ou trop sanguins ? Êtes-vous enclins à vous démettre les doigts ou les mains, les pieds ou les reins ? Voulez-vous, jeunes gens, conserver votre teint de rose, n’avoir jamais de rides et rester toujours jeunes ? Voulez-vous, vieillards, retrouver l’ardeur et le feu de la jeunesse, éviter la décrépitude, l’engourdissement, et vivre jusqu’à cent ans ? Faites usage de mon sirop. Le voici. (Il montre, à la bande émerveillée, Une fiole pleine d’une liqueur rouge quelconque). Je le fabrique moi-même ; ce n’est point de la contrefaçon. Cela me conte cher ; je vais cueillir en personne les herbes dont j’ai besoin pour le fabriquer, sur la montagne de St Augustin, avant le lever du soleil, sous la neige, la veille de Pâques fleuries. Je ne fais payer que mon trouble… Vous comprenez que je ne peux donner tout mon temps pour rien. Je ne vends cet élixir que trente sous la fiole, rien que trente sous ; c’est pour rien, messieurs, pour rien !