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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

XXII.

LE CHARLATANISME EN PLEIN AIR.


Le samedi suivant était un jour de marché. Dès l’après-dîner de la veille, les habitants arrivèrent de la campagne avec leurs produits. Les uns débarquèrent du bateau des poches pleines d’avoine et de blé qu’ils entassèrent comme des cordes de bois ; les autres apportèrent des concombres indigestes et des melons odorants, des oignons tournés et des cives, des petits pois verts et des gousses de fève : presque toute la famille des graminées, et celle des cucurbitacées, et celle des liliacées, et celle des légumineuses. De jeunes filles vinrent de St Nicolas avec des paniers de frêne et des cassots d’écorce de bouleau, gonflés de framboises et de bluets. Des femmes adroites offraient en vente des pièces de toile ou d’étoffes qu’elles avaient faites au métier ; des chapeaux de paille tressée à cinq, à six et même à huit. Chacun prenait