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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

encore Racette son oncle ; imitant ses petites cousines, elle l’appelait ainsi je m’en souviens.

Ces pensées agitent les esprits du muet comme les vents agitent les eaux.

L’aurore commence à luire, et les silhouettes des navires se dessinent noires et hautes sur le fleuve endormi. Il s’achemine ainsi rêveur vers le Cap Rouge.

Racette se faisant accompagner de deux de ses camarades, de crainte de rencontrer son jeune ennemi, conduisit la petite fille, cette nuit-là même, dans la rue St Joseph. Il la confia à sa sœur, lui recommandant de la faire élever dans le vice et de la perdre à jamais.

— Puis-je la laisser voir à Mlle Geneviève ? demande la sœur complaisante.

— Non, il est mieux que Geneviève ne voit pas cette enfant.

— Je ne la garderai pas ici ?

— Non, sans doute ; tiens-la cachée jusqu’à demain, alors tu verras la Drolet et tu la lui remettras.

Ce ne sera que demain midi, car madame Drolet est à la campagne.

— N’importe ? cache-la soigneusement aux