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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— Des bénédictions ? hurle le vieillard, qui parle de bénédiction ici ?

— Ne vous fâchez pas, le père, ne vous fâchez pas ! Si vous ne voulez pas nous donner votre bénédiction, eh bien ! gardez-la ! On se passe mieux d’une bénédiction que d’argent.

Le chef fixe son œil perçant sur le jeune homme, et tout à coup lui tend la main : Serre cette main, jeune homme, serre-là ! tu en es digne ! nous nous valons. Tu feras ton chemin : je te le souhaite ! Seulement, moi je suis encore ton maître, car c’est à mon père que j’ai dit : Gardez-la votre bénédiction ! et toi, c’est à un étranger.

— Tonnerre ! réplique Picounoc, un peu excité, si je connaissais mon père, et s’il voulait me bénir sans payer, je lui dirais bien : gardez la votre s… bénédiction !

— Bravo ! fait le chef.

— Du rhum ! la vieille, et du meilleur ! commande Racette.

— Je n’ai rien de commun, répond, l’hôtelière ; c’est du bon : vous allez voir ! Mais je suis fatiguée, je vais me mettre au lit un peu avant le jour. La Louise va vous servir.