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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

Ah ! quel nez ! ah ! quel nez !
Tout le monde en est étonné.
Ah ! quel nez ! ah ! quel nez !
Mes amis, j’en suis effrayé !

Le rire est général. Personne ne se gêne. Racette croit plus prudent de faire comme les autres.

— On ne prend rien ici ? demande Picounoc.

— Qui est-ce qui paie ? ajoute l’ex-élève.

Racette, s’avançant près du comptoir : Je paie moi — Il voulait se faire des amis — Tout le monde au comptoir, puisqu’il n’y a pas assez de chaises pour que l’on se mette à la table !

Quand le chef des voleurs fut près de la chandelle, l’ex-élève remarqua son œil noir jusqu’au milieu de la joue, sourit, le montra du doigt et débita d’un ton emphatique : Oculos habent et non videbunt.

Le vieux n’était pas d’humeur à rire : Chacun son tour, dit-il sèchement.

Picounoc élevant sa voix nasillarde : Honni soit qui mal y pense ! Respect aux vieillards ! la vieillesse est sacrée. Songeons qu’un jour nous deviendrons vieux et propres à rien, si ce n’est à donner des bénédictions.