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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

Mon père, saisi d’horreur et de colère, se dresse sur son lit… Ses yeux sont ardents… son visage, terrible à voir : Je te maudis ! s’écrie-t-il… et il tombe épuisé sur sa couche mortelle.

Je sors : la tête me bourdonne. À deux pas de la maison, je rencontre ma mère qui pleure et conduit, par la main, deux jeunes enfants, un petit garçon et une petite fille : Pierre, Enoch, dit-elle, tes enfants !… tes jumeaux !

— Mes enfants ? je leur transmets la malédiction que je viens de recevoir. Salut !

Je m’éloigne de ma paroisse pour n’y rentrer plus jamais. Il serait trop long de vous raconter ce soir le reste de ma vie. Je vous confierai cela une autre fois.

Racette n’était pas gai du tout, et, la tête basse, il réfléchissait.

— Allons ! dit le docteur, avez-vous des remords ?

— Des remords ? ma conscience est blanche comme la neige.

— Canaille, va, tu iras loin !