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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— J’ai donné à tes enfants ma terre du troisième rang.

— À mes enfants ? Voilà qui est drôle… Est-ce que j’ai des enfants, moi ? Ma femme est-elle revenue ?

— Lâche ! dit mon père.

Je sens le rouge me monter à la figure.

— Misérable ! continue-t-il, abandonner ainsi une jeune femme, seule et sans soutien, dans un pays étranger !…

— Je ne suis pas venu pour écouter vos sermons ! m’écriai-je ; des sermons, il y a longtemps que je n’en prends plus.

— Tu m’entendras, car c’est pour la dernière fois. Vois et songe à ta vie ! Tu as négligé tes devoirs de chrétien dès ta jeunesse ; tu n’as écouté ni mes conseils, ni les leçons de ton confesseur !

— Vous m’ennuyez !

— As-tu été heureux dans le crime ? poursuit mon père.

— C’est mon affaire !

— Songe que tu mourras un jour.

— Mourez donc de suite, vous, et laissez-moi tranquille !…