Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.
159
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

danse. Je me moquais du curé ; je me moquais des jeunes gens qui écoutaient ses conseils. Je savais bien que je faisais du mal chaque fois que je dansais ; je savais, bien que d’autres n’en faisaient point. Il y en a qui ne voient rien au-delà du délassement et de la gaité, dans les veillées ; rien qu’une distraction de l’esprit, dans les jeux ; et rien qu’un exercice bienfaisant dans les danses : ils sont naïfs ceux-là, ou ils sont bien sots. Moi je me sentais remuer jusqu’au fond des entrailles, et je n’essayais pas de combattre ces émotions délicieuses. Je négligeai mes devoirs religieux ; car les plaisirs des sens éteignent les ardeurs pieuses comme l’eau éteint le feu. Je devins paresseux ; car la volupté n’aime point le travail, et les labeurs fatigants la tuent. Mon père me fit des remontrances. Je l’écoutai d’abord, et ne lui répliquai rien. Mais bientôt, je lui répondis durement ; et il en ressentit une grande douleur. J’aimais les chevaux et je les faisais courir. Les courses, c’était le grand amusement de notre temps. Je négligeais les travaux de la ferme pour les courses. Je fis crever plusieurs excellents chevaux. Mon père me menaça de la porte si je continuais ! Je le