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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

légèrement sur les doigts ; ils rapportent à leurs parents que vous les tuez. Vous voulez faire des savants, vous faites des ânes ! Ah ! Dieu merci ! j’en ai fini avec ce vilain état ! Mais il ne faut pas croire que je n’avais pas certains succès. J’ai fait l’école sept ans dans le même arrondissement ; et si j’avais voulu… Mais j’ai remercié poliment messieurs les commissaires. J’ai dit aux parents : Ne cherchez pas d’autre précepteur pour vos enfants ; si je n’ai pas réussi à les déniaiser ; je ne sais pas qui réussira. Le seul élève dont je puisse me louer, c’est ce brave docteur. Aussi vous voyez, comme il court sur le chemin de la fortune.

— Et le petit Joseph, donc ? insinue le charlatan.

— Le petit Joseph ! oui, je l’oubliais celui-, repart le maître… L’avons-nous corrigé un peu ! l’avons-nous caressé du bout de notre règle de bois franc !… Ses larmes me faisaient rire : il pleurait de si bon cœur !… Le coquin ! sais-tu qu’il a fini par s’endurcir diablement, et nous donner du fil à retordre ?

— Savez-vous ce qu’il est devenu ?

— Non ! Eusèbe est bien content d’en être débarrassé.