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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

dans la poussière comme un serpent que la roue d’une charrette a coupé en deux, et les passants s’attendriront et lui jetteront une obole qui viendra grossir notre trésor. C’est notre Protée, c’est notre doyen, notre maître à tous : inclinez-vous et baisez-lui la main en signe de soumission. (Racette fait ce que veut le jeune homme.) Bien ! continue le charlatan. Maintenant, maître St Pierre, chef incomparable, vous avez devant vous la plus belle canaille que je connaisse après vous et moi — les personnes présentes sont toujours exceptées. Maître d’école, il ne sait pas lire ; garçon, il est père de famille ; précepteur d’enfants, il passe son temps à dresser des chiens et à faire battre des coqs ; jeune, il est chauve ; pauvre, il vole ; riche, il gaspille. Il est digne d’entrer dans notre compagnie ; et, sur ma parole d’honneur, vous pouvez lui donner un rôle à jouer, il l’apprendra.

Le maître d’école riait. Le vieux St Pierre lui dit : — Avez-vous peur de quelqu’un.

Le maître d’école répondit : Je n’ai peur de personne !

— Avez-vous peur de quelque chose ?