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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

qu’elle était chez ses parents à lui ; qu’elle y serait bien, et qu’elle n’avait rien à craindre. Bientôt, ajouta-t-il d’un ton caressant, tu auras tes appartements à toi seule. Je suis à la veille de faire une bonne entreprise. Nous aurons de l’argent et nous vivrons bien.

— Et nous marierons-nous ?

— Nous nous marierons un jour, oui. Mais bah ! pourquoi tant se presser ? n’entends-tu pas dire tous les jours qu’il y en a plus de mariés que de contents ?… et que le mariage est le tombeau de l’amour ?

Ils causèrent longtemps. Geneviève reprit courage, se consola et promit d’être aimable avec tout le monde de la maison. On l’accueillit comme une sœur. Ses préventions tombèrent vite : elle était naïve la pauvre fille, malgré sa triste expérience. Racette sortit, car il se souvint du vendeur de drogues. Il descendit à la basse-ville, par l’escalier, et suivit la petite rue Champlain. Il entra à l’auberge de l’Oiseau de proie. Deux hommes étaient accoudés sur le comptoir et causaient à voix basse. C’était le docteur et son malade, le disloqué.

— Bon jour ! Mr. le maître, dit le charlatan ; c’est comme cela qu’on vous appelait au village.