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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

oncle ; elle veut le suivre ; quittez-la, ou nous allons vous mettre à la porte.

La fureur gronde au fond des entrailles de Djos comme un torrent qui coule sous terre. L’oncle tire sans cesse le bras de l’orpheline qui pleure. Le muet, emporté par la rage, laisse aller sa protégée, ferme ses poings osseux, et, d’un coup violent, il fend le nez de l’oncle faux et malvenu, qui roule sur le plancher malpropre avec l’enfant. Les autres brigands se ruent sur le muet. Il se défend bravement. Il secoue sa tête et ses épaules comme un lion irrité, sa crinière. Il s’adosse au mur afin de n’être pas attaqué par derrière. Ses bras tournent avec la rapidité des ailes d’un moulin quand il vente fort, et l’on entend les coups de poing tomber comme des coups de marteau sur la tête de ses ennemis. Le vieux a roulé à dix pas, et ne s’est relevé que pour aller se baigner les yeux dans l’eau froide… Celui que l’orpheline appelle son oncle, couvert de sang, voit son pauvre nez prendre des proportions alarmantes. Il se réfugie dans une autre pièce avec l’enfant, et la Louise va lui appliquer des compresses. La vieille hôtelière est terrifiée.