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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

Le muet frappe toujours, et la bonne femme Labourique est aux abois. Sa conscience qui n’est pas fort nette, lui fait comprendre la possibilité d’un événement judiciaire où elle la propriétaire de l’auberge de l’Oiseau de proie, aurait un mauvais rôle à jouer. Cependant quand elle voit les trois hommes dehors, elle a plus de courage et moins peur, et croyant avoir affaire à la police, elle dit d’un air singulièrement comique :

— Mes bons messieurs, je vais vous ouvrir ne vous fâchez pas ! Vous comprenez bien qu’il en coûte à une femme d’ouvrir sa porte, comme ça, la nuit, à des hommes qu’elle ne connaît point. Vous ne me ferez aucun mal n’est-ce pas ?… Je ne suis pas en contravention avec la loi. Je suis seule, bien seule ! Je ne garde personne à boire ici, la nuit, je vous le jure !… Je tiens une maison comme il faut !… Pour cela, oui !…

Le verrou de la porte criait. Le muet donne un nouveau coup.

— Je vais ouvrir ! je vais ouvrir ! n’enfoncez pas !… Je n’ai pas peur !… Je suis une femme honnête !… Ma maison est paisible comme une église !…