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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

pourrait-il lui donner ? Il était plongé dans de profondes réflexions, et de temps en temps, une larme venait mouiller ses yeux. La jeune fille était aussi muette que lui. Elle avait la fièvre et dormait toujours. Personne ne se trouvait là pour la questionner à son réveil et quand elle semblait capable de comprendre et de répondre. La nuit arriva. L’eau devint sombre comme un torrent de lave refroidie. Quelques étoiles scintillèrent au firmament, — seulement les plus brillantes ! Arcturus du Bouvier, la blanche Véga de la Lyre, la sanglante Antarès du Scorpion ; mais elles disparurent aussitôt, puis un voile de nuage obscurcit le ciel.

Tout le monde s’endormit sur la cage. Seul le muet veillait auprès de la petite orpheline. Tout à coup, un cri, suivi d’un juron, s’élève du large. Le contre-maître s’éveille. Au même instant une autre clameur et un juron plus énergique paraissent monter du fond des eaux. Le contre-maître sort de la cabane où il prend son repos : Que voulez-vous ? demande-t-il.

— Une voix répond : Venez nous aider ; le courant nous jette sur votre cage.

— Qui êtes-vous ? Où allez-vous ?