Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

XVII.

LE MUET


Le matin se levait radieux. Le soleil déroulait une nappe de lumière sur les ondes calmées du grand fleuve. La mer montait. La cage échouée sur la grève de Lotbinière commençait à flotter. Djos était allé de nouveau rêver sur les côtes verdissantes. Jamais les bouvreuils et les pinsons n’avaient mieux chanté. Les bois s’étaient séchés au souffle de la brise du matin, et une senteur délicieuse venait de partout comme un encens que la terre envoyait au ciel.

Djos suit le cours capricieux de ce petit ruisseau qui perd son onde dans le tuf du rivage, au bord du bois du Domaine. Tout à coup la voix de ses compagnons retentit.

On l’appelle. La cage va descendre avec le baissant : — J’emporte cette fleur, pense-t-il, car sa langue est toujours liée par la vengeance de Dieu. C’était un iris qui se mirait de haut dans l’humble ruisseau. En montant pour