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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

Djos ne répète point.

— Voyons ! répète ! continue ! Perge ! Perge ! hurle l’ex-élève.

— Continue ! crient les autres en ricanant. Dis : Que le diable m’arrache, un par un, tous les poils du corps ! omnes poili corporis !

Djos, terrible, les yeux rouges de sang, pâle, effrayant à voir, les regarde tour à tour et ne dit rien.

— Parle ! mais parle donc ! lui crie-t-on.

— Est-il drôle ! repart Fourgon qui rit à s’en tenir les côtes.

— Il a peur ! dit Poussedon.

— Le farceur ! crie Tintaine.

— Le lâche ! réplique Lefendu.

— Il n’achèvera pas ! ajoute Picounoc, en le montrant du doigt. Il a peur du bon Dieu !… Il a peur du Christ !…

Et Djos les regarde toujours de ses grands yeux de feu. Sa bouche entr’ouverte s’agite convulsivement, ses bras s’élèvent au-dessus de sa tête comme pour supplier, son corps frémit, des pleurs roulent sur ses joues blêmes. Dieu l’a frappé ! Il est muet !…