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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

Les poings de Djos se ferment, ses muscles se tendent.

— Pas de chicane, mes enfants, pas de chicane ! commande la voix larmoyante de Picounoc : Il faut s’aimer les uns les autres ! C’est Jean qui le dit au ch. X de l’Apocalypse. Pas vrai, Paul, toi qui sais le latin ?

— Vrai comme vous vous remplissez à mesure que ma cruche se vide : Dum se videt crucha mea !

Tous éclatent de rire.

— Toi, garde tes farces ! dit Djos. Je veux que le diable m’emporte tout vif si je me laisse bafouer par n’importe qui ! Ah ! ce temps-là est passé, où j’étais le souffre-douleur de gars plus bêtes et moins forts que moi !

— Je ne veux pas dire, reprend Poussedon tremblant, que je suis aussi fort que toi, que je suis capable de te battre.

— Non ? que veux-tu dire alors ?

— Je veux dire que je suis sûr de la fidélité de la Louise, et que je ne crains pas que tu m’en fasses passer.

— Est-il bon ? la fidélité d’une fille comme la Louise ! remarque Lefendu en ricanant.