Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.
118
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

sophiste. Aucun de ses compagnons ne comprend ce terme savant ; c’est pourquoi tous le jugent bien approprié, et Picounoc passe pour un sophiste.

Le couque surveillait la chaudière de soupe au lard qui mitonnait en chantant sur le feu. Le parfum des bois résineux ne suffisait pas à faire oublier les senteurs moins agréables des lèvres avinées et des vareuses malpropres des bûcherons. Il neigeait, et les rameaux, penchés sous les blancs flocons, ressemblaient à des vieillards chargés d’années.

La porte du camp s’ouvre tout à coup et un robuste garçon entre, blanc de neige.

— Ha ! Djos, beau temps, hein ? dit au nouveau venu l’un de ceux qui sont assis près du poêle.

— Massacre d’un nom ! va-t-il toujours neiger ainsi ? repart Djos.

— Tu vas gagner ton argent.

— Oui, buttant ! mieux que vous autres, bande de paresseux !

— Prie donc le bon Dieu pour qu’il nous donne du beau temps.

— Priez le, vous autres !