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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

chacun fait ou dit ce qui lui plaît davantage, sans se soucier du goût des autres.

Soudain Poussedon se dresse : Par la Vierge ! s’écrie-t-il, si j’ai dit un mot de prière depuis que je suis dans le camp, je veux que le diable m’emporte !

Ces paroles de blasphème sont suivies d’un immense éclat de rire.

Une voix réplique : Tu n’es donc pas comme Djos, toi ?

Une autre voix : Djos ? bah ! c’est un farceur. J’aimerais mieux ne pas prier que prier à sa manière.

— Jugement téméraire ! dit une troisième voix, une voix un peu moqueuse et fort nasillarde : Sait-on jamais ce qui se passe dans l’esprit de ses frères ? Peut-on sonder les mystères du cœur de l’homme ?

— Et de la femme, donc ?

Le rire redouble.

— Pas d’interruption, Lefendu ! pas d’interruption ! Je dis donc, continue la voix nasillarde, qui devient flûte en s’élevant, je dis que vous portez un jugement téméraire sur votre compagnon quand vous affirmez que sa