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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

la jetée, sur leurs sleighs à bois, par les mille chemins que les claireurs, chaussés de longues bottes sauvages, ont tracés dans les neiges profondes.

Poussedon s’était enrôlé dans la troupe des claireurs, et Lefendu s’était fait charretier.

La jetée, c’est le bord de la rivière d’où l’on précipitera, le printemps, les milliers de pièces de bois que le courant emportera jusques à des distances étonnantes. Une nouvelle bande, formée de toutes les autres, apparaîtra alors. Ce sera une troupe active, qui courra sur les billots flottants avec la légèreté du félin qui joue ; qui ne craindra ni l’eau froide des nuages, ni l’eau froide des ruisseaux, ni les courses sur les berges escarpées, à travers les broussailles ; qui montera dans les canots, ramera mieux que les meilleurs canotiers, franchira, en chantant, rapides et cascades. Ce sera cette troupe aventureuse qui détachera, de la rive où l’auront retenu les branches des arbres demi-noyés, le billot retardataire et paresseux. Elle suit avec anxiété la fortune du bourgeois, fortune emportée par les caprices du courant. Heureuse,