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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

essaim d’abeilles sort de la ruche pour aller butiner. Le soir, tout le monde rentrait, et c’était un murmure, un bruit, un tapage d’enfer. Le cuisinier avait rude besogne alors. Ces gens affamés et enivrés de l’odeur des grillades de lard qui rôtissaient dans la poêle, semblaient prêts à le dévorer lui-même. S’il n’était ponctuel et s’oubliait, les jurons et les menaces le faisaient frissonner de peur. Mais si la soupe était grasse et le ragoût bien épicé, on le vantait, on le choyait à qui mieux mieux. On l’aurait comparé à Brillat Savarin ou à Vatel, si Vatel ou Brillat Savarin eussent été connus dans nos forêts.

C’est dans ce chantier de la Gatineau que se trouvent réunis Joseph, Picounoc, Sanschagrin, l’ex-élève de troisième et les autres jeunes gens que nous avons rencontrés à l’auberge de l’Oiseau de proie, et qui descendent maintenant sur la cage échouée à Lotbinière.

Les travailleurs se divisent en quatre catégories :

Les bûcheux, qui se subdivisent en bûcheux proprement dits, en ébotteurs, piqueurs et grand’haches ; les scieurs ; les charretiers et les claireurs.