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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— N’importe ! dit le contremaître en jurant, nous sommes mieux ici que sur les bancs de roches.

Un autre reprend, c’est Poussedon : Nous irons voir les filles pour nous désennuyer. Djos va nous conduire : il doit se souvenir un peu des lieux et des gens.

Djos sourit. Un autre ajoute : Je dois avoir des parents par ici, moi… puisque je n’en ai pas ailleurs !

C’est ce farceur de Picounoc qui badine ainsi. Plusieurs s’amusent de cette répartie ; mais une larme apparaît au coin de l’œil de Djos. Il pense sans doute qu’il n’a pas de parents lui non plus. Un de ses compagnons le montre du doigt aux autres, disant : Voyez donc ! depuis qu’il ne parle plus, il a toujours les larmes aux yeux.

— Bon jour d’un nom ! ce n’est pas drôle, après tout, d’être muet !

— Surtout de perdre la parole dans des circonstances comme celles où il l’a perdue lui.

— Et c’est curieux, continue l’un de ces drôles, l’ex-élève de troisième, et c’est curieux que vous mes amis, amici mei, qui avez été témoins,