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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

ou de la pluie, les cinquante rameurs qui se sont engagés à rendre ce bois à Québec. Quand la brise de nord-est commença de souffler, la cage avait dépassé la rivière du Chêne qui se glisse sous la forêt, tortueuse et brillante comme un serpent : elle laissait la pointe du bois des Hurons, ou Tonkourou s’était bâti un wigwam d’écorce. Le contre-maître appela tous les hommes aux rames, car la mer qui commençait à monter et le vent qui soufflait fort, menaçaient de jeter la cage sur la grève rocheuse. Les hommes accoururent et longtemps ils plongèrent et replongèrent les rames dans les flots moutonneux.

Couché à terre, sur le côté, dans une cabane, la joue appuyée sur la paume de sa main, un des hommes n’a pas bougé. Perdu dans une rêverie profonde, il n’a pas entendu la voix rigide du maître. Ses regards interrogent avec anxiété les côtes de Lotbinière. Il cherche, à travers les grands arbres des bords, un objet aimé sans doute. Tout à coup son œil se dilate, un éclair en jaillit. Il vient, d’apercevoir, loin sur un coteau, à une lieue de l’église environ, les cimes élancées de quelques peupliers de Lom-